Zyklus, composé en 1959, se place au début de ce que l’on pourrait appeler « la seconde période créatrice du compositeur ». En effet, les premières œuvres de Stockhausen, caractérisées par un souci de rigueur d’écriture ainsi que par un déterminisme quasi absolu, feront place à d’autres dans lesquelles le langage évoluera considérablement vers des structures plus souples, voire aléatoires.
Composé juste après la série des onze Klavierstück, des Gruppen pour trois orchestres, ainsi que du Gesang der Jünglinge (premier véritable chef-d’œuvre de la musique électroacoustique), Zyklus apporte un changement radical dans des méthodes de composition que Stockhausen poursuivra plus avant dans Refrain, Plus-Minus, Mikrophonie I, Stop, etc.
Karlheinz Stockhausen utilisant la forme ouverte, expérimentée dans le Klavierstück XI (Pierre Boulez l’avait également utilisée dans la Troisième Sonate quelques années auparavant), Zyklus n’a pas, à proprement parler, de début ni de fin déterminés.
L’interprète se trouve confronté à une partition reliée en spirale, ce qui lui permet de commencer à n’importe quelle page.
Les notations rythmiques et dynamiques ignorent le système traditionnel au profit d’un graphique proportionnel. De même qu’il est possible d’omettre certaines séquences lors d’une exécution, l’ordre de certains événements est laissé au libre choix de l’exécutant. Enfin, Stockhausen renoue – graphiquement du moins – avec une ancienne tradition utilisée par Bach et Mozart : la partition peut être retournée et lue dans l’autre sens.
Une telle mobilité dans la conception et dans la réalisation peut étonner de la part d’un compositeur célèbre pour sa rigueur d’écriture. Mais, ainsi que Berio et Boulez l’ont pensé à la même période, Stockhausen a compris que de telles méthodes pouvaient enrichir l’esthétique musicale en engageant plus profondément l’interprète.
Les percussions situées autour du soliste mêlent les instruments à hauteurs fixes (marimba, vibraphone) aux cloches à vaches, cymbales, gong, tam-tams, tambours, etc. Le soliste doit jouer simultanément des instruments, tout en recherchant une cohérence sonore entre les différents matériaux.
Cécile Gilly, source : Ensemble intercontemporain.