Cette pièce fut composée à l’instigation du violoniste Devy Erlih, qui a composé la partie violon à partir d’une conception générale de l’œuvre réalisée sur bande magnétique, elle-même élaborée exclusivement à partir de neuf sons de violon. Elle est considérée par son auteur comme sa première pièce d’importance, inaugurant, écrit-il, un travail « d’apprenti-couturier qui, dans l’élan [l]’entraîna vers un travail de dentellière ». Violostries représente également le point de convergence de plusieurs directions de recherches musicales. D’une part, le dialogue compositeur-interprète. D’autre part, la recherche d’une forme adaptée aux procédés de diffusion propres à la musique électroacoustique, dont les possibilités d’orchestration tentent, à leur manière, de retrouver des formes classiques du dialogue “instrument-orchestre” (concerto). L’ouvrage comporte trois mouvements enchaînés : Pulsion-miroir, où, démultiplié, le violon est projeté aux quatre coins de l’espace sonore ; Jeu de cellules, partie concertante entre l’instrument et la bande, cette dernière constituée de micro-sons et d’une écriture très serrée, et enfin : Végétal. Cette dernière partie, la plus longue, est sans doute celle qui valorise le plus le jeu de l’interprète dans un registre très contrasté par rapport à celui des deux premiers mouvements. « Végétal, écrit le compositeur, [est un] énorme faisceau dont l’enveloppe, statique, contient un mouvement comparable au mouvement continuel mais invisible de la sève à l’intérieur d’une plante ». [Cf. également Adagio, et Stries, pièces de 1980.]
Régis Renouard Larivière.