Rencontre avec le compositeur à lire sur le site de l’Ircam (2023).

Déployé dans un dispositif ambisonique, un espace habité de sons instrumentaux et synthétiques a pour particularité d’être composé d’après des analyses faites sur des paysages sonores captés. Conçus comme des espèces imaginaires dotées de comportements sonores propres, dix instruments sur scène déploient leurs figures distinctives dans la salle de concert, donnant vie à cet espace acoustique environnant le public.
J’ai enregistré des paysages avec un microphone ambisonique pour obtenir du signal en trois dimensions, puis les ai travaillés avec Augustin Muller à l’Ircam, de sorte que nous puissions remplacer les sons enregistrés par ceux de synthétiseurs en leur lieu et place d’émission. Dans la pièce, les sons imaginés sont placés très précisément dans le temps et dans l’espace, de sorte qu’ils soient analogues à la manifestation sonore d’une faune sauvage en son milieu. Ce travail sur l’espace et la temporalité des lieux se résume à un transfert de paysages tangibles à des paysages musicaux imaginaires. Ces derniers évoluent eux-mêmes par transferts entre le monde instrumental sur scène et le monde électronique en salle.
Entre musique évolutive et expérience ambiancielle, entre imaginaire du vivant et imaginaire technologique, cette pièce propose des déplacements et des jonctions entre monde instrumental, représentation paysagère et abstrac- tion électronique. Empreinte de répétition et de puissance, Transfert fait le pari de correspondances organiques entre forêts et techno expérimentale progressive par l’intermédiaire de l’instrument et du corps musicien.