Tahil pour piano seul, fait partie d’une série de pièces (comportant aussi Till, Leph, Myr, et Schall) composées entre 1991 et 1994, explorant le monde sonore du piano ainsi que quelques extensions possibles réalisées au moyen d’outils informatiques.
L’œuvre se base sur des critères développés dans mes oeuvres électroacoustiques : une articulation d’objets, masses, courants polyphoniques et résonances. J’ai mis en place une procédé d’écriture basé sur un réseau de « miroirs » qui agissent comme modulateurs du matériau de base, en créant un tissu d’objets de formes et tailles différentes (allant du micro-temps des valeurs les plus minuscules aux divers échelles macro-temporelles). Cette technique n’est pas fondée sur l’application de symétries simples, comme c’est le cas des miroirs du contrepoint linéaire. Elle opère à partir d’attracteurs changeants, en ciblant quelques propriétés contenues dans le matériau et en les projetant sur des échelles de temps différentes, en créant à chaque fois une nouvelle perspective. Cette approche, que je considère comme un exemple possible de composition musicale assistée par ordinateur, est aussi réalisable par voie exclusivement manuelle, car n’est pas concernée par des lois globales (stochastiques ou autres) : elle s’applique toujours à la création et l’articulation d’événements singuliers. Il n’y a donc pas, au centre de ce travail, des « populations » statistiques, mais toujours des détails uniques. Des textures et des masses (degrés de densité) et des courants (degrés de séparation du flux sonore dans plusieurs strates superposés) qui résultent d’une interaction composée reliant des multiples détails singuliers.
Horacio Vaggione. Note de programme du CD Chrysopée Electronique, 1995.