violon, violon II, alto, violoncelle
France, Paris, Auditorium du Musée du Louvre
le Quatuor Arditti.
Si le Deuxième Quatuor est le résultat, selon les dires du compositeur, d'une tentative infructueuse d'atteindre une forme déséquilibrée, le risque qu'encourt consciemment le Troisième Quatuor avec ses quatre mouvements, est de créer le déséquilibre par trop de symétrie.
Le traitement du registre médium est beaucoup plus «classique» que celui des quatuors précédents. Les glissandi et les micro-tons sont plutôt rares. Entendre les quatre instruments jouer est la règle plutôt que l'exception.
Il se peut que cette austérité relative reflète les conceptions plus abstraites qui sous-tendent le projet de cette série de quatuors. Dusapin décrit le premier mouvement comme le cœur théorique du quatuor, notamment parce qu'il met en place les fondements du cadre harmonique de toute l'œuvre, dérivé lui de Time Zones par le biais d'un processus de filtrage. Bien que le tempo de base soit modéré, les instruments se trouvent bientôt entraînés dans un tourbillonnement extrêmement rapide qui cède peu à peu le pas à des séquences d'accords plus mesurés.
Le second mouvement donne l'impression d'être un mouvement lent, axé initialement autour d'un éloquent et vif solo d'alto, une espèce de musique populaire (d'Europe de l'Est ?) « enfermée » dans un registre grave. Après une courte pause, le solo reprend, accompagné cette fois d'un cantus firmus en valeurs longues qui, à partir du second violon, embrasse l'intégralité du quatuor. Dès cet instant, la musique gagne un élan jusqu'à prendre l'aspect d'un scherzo à l'ouverture tronquée.
Le troisième mouvement est une autre espèce de mouvement lent. Selon le compositeur, il tente de ressembler au premier, mais s'en détache par des spirales rythmiques, réaffirmant la même obsession de s'éloigner de la voie. Au sujet de la fin abrupte et non-concluante, Dusapin cite Flaubert : « La bêtise consiste à vouloir conclure. » Une autre citation que Dusapin aime à offrir en guise de clef pour ce quatuor, est un commentaire de Gilles Deleuze dans L'Epuisé, à propos de la pièce de Samuel Beckett, Quad : « Il est pourtant parfaitement déterminé, possède telles dimensions, mais n'a pas d'autres déterminations que ses singularités formelles, sommets équidistants et centre, pas d'autres contenus ou occupants que les quatre personnages semblables qui le parcourent sans cesse. C'est un espace quelconque fermé, globalement défini. »
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