Ces quatre mouvements se présentent comme quatre études, où un même matériau de hauteurs, figures de bases, ou modes d'expressions, seraient relus successivement à travers quatre prismes instrumentaux différents : le trombone, la flûte, la petite clarinette, et l'alto. Le matériau provient d'une précédente pièce, où parfois, pendant quelques mesures, un instrument devenait point de convergence de la matière musicale. J'ai voulu ici radicaliser cette attitude et l'étendre à l'ensemble d'une forme courte et homogène, à l'inverse de la fantaisie qui l'avait fait naître. Chaque instrument et le caractère, l'imaginaire, l'idiome qui lui sont associés, s'incarnent alors dans des possibles musicaux différents ; les instruments étant plutôt des filtres à l'invention que de réels solistes. Au final, ces quatre moments seraient, pour prendre une analogie photographique, comme autant de mises au point différentes d'un même cadrage, afin de créer des clichés distincts à partir d'une même vue.
C'est à cette analogie que se rapporte le foci du titre, pluriel du latin focus réutilisé en anglais pour désigner la mise au point photographique. Mais ce terme pourrait également s'appliquer à mon désir de « flouter », d'estomper certains timbres et contours mélodiques, ou au contraire, à la façon dont je procède habituellement dans mon travail, partant d'une vision globale en précisant par vagues les détails de la réalisation. Enfin, on peut espérer que ces mouvements qui consument rapidement leur combustible musical puissent rappeler le sens premier du mot, le foyer.
Nicolas Mondon.