Antérieure à la Suite pour Mondrian pour orchestre qui avait attiré l’attention sur lui en 1962, cette brève pièce pour piano conçue à Paris en novembre 1960 est avec le Concert pour violon et quatorze instruments une des toutes premières compositions de Jean-Pierre Guézec.
Ce court chant de moins de deux minutes doit être « très soutenu et un peu triste ». Sur des harmonies de quartes baignées de pédale, le discours laisse ensuite place à des grappes d’accords, puis à un bref passage pointilliste, avant de renouer avec le lyrisme initial.
Le raffinement de cette miniature repose essentiellement sur le jeu des contrastes de couleurs et de matériaux sonores, principe générateur de toute la production de ce jeune compositeur disparu si rapidement qui s’était exprimé ainsi sur son œuvre dans une interview au Courrier musical de France : « J’ai essayé de transposer dans le domaine des sons certains aspects de la technique picturale de notre époque, et principalement de la technique de structuration de l’espace de Mondrian. J’utilise des points, des lignes glissées ou non glissées, des ondulations, des voiles d’harmoniques, de sonorités frappées, des effets d’éclatement et divers types de résonances contractées ».