Cette nouvelle création de Nicolas Mondon, réalisée dans le cadre du Cursus 2 de composition et d’informatique musicale de l’Ircam, est la continuation du travail effectué sur Pianola/Phonographe I (histoires de pianos mécaniques) réalisée lors du Cursus 1 en 2010. Le dispositif est le même, ou presque : disklavier préparé et électronique.
Il n’y a donc personne sur scène : juste un piano mécanique. C’est un piano sans rouleau : l’ordinateur envoie des données (midi), que le disklavier traduit en enfonçant les touches du piano. En plus d’offrir le joli spectacle d’un pianiste fantôme, ce dispositif présente l’intérêt indéniable de pouvoir contrôler électroniquement un son de piano véritable. Ou, pour être plus précis, un son de piano préparé, puisque de petits objets de quincaillerie viennent transformer le son des cordes de l’instrument.
Quant à la partie électronique, elle est principalement diffusée par un haut-parleur placé sous l’instrument, et des transducteurs transmettant directement les vibrations sonores à la caisse de résonance du piano, ce qui mêle les sons d’origine électronique à ceux de l’instrument. Le piano devient un instrument augmenté, par la préparation acoustique d’une part, et d’autre part par son équivalent, complément ou extension : l’électronique.
En complétant certains accords, ou certaines grappes de sons, de bruits concrets ou de sons de synthèse s’éloignant plus ou moins de la typologie pianistique (générés, entre autres, par modèle physique grâce au logiciel Modalys), une ambiguïté se fait jour, qui tient à la fois du spectaculaire et du musical.
Dans ce contexte, l’un des principaux défis que s’est imposé Nicolas Mondon pour Pianola/Phonographe II (grains, grès) tient à l’interprétation. Une interprétation qui serait non pas le fait d’un interprète humain – puisqu’aucun musicien n’intervient dans l’exécution de la pièce – mais celui de l’ordinateur lui-même. « Je voudrais que l’ordinateur soit en mesure de perturber de lui-même l’agogique ou la dynamique par exemple, dans des limites étroites, décidées en amont, bien sûr, afin d’obtenir ce sentiment de vie, voire d’aléatoire, que l’on peut éprouver face à l’interprétation musicale. »
Jérémie Szpirglas, programme du concert de la création, 21 juin 2012, ManiFeste Ircam.