informations générales

date de composition
1993-1994
date de révision
1996
durée
30 min
éditeur
Éditions de l'Agité
Dédicace
à Laurence, Nathalie, Monique, Noëmi
Commande
Ministère de la Culture, France

genre

Musique vocale et instrument(s) (Voix soliste(s), chœur(s) et ensemble de 10 à 25 instruments)

effectif détaillé

Soliste(s)
2 sopranos solo [1 soprano lyrique et 1 soprano léger], ténor solo

clarinette (aussi clarinette basse, petite clarinette), saxophone soprano (aussi saxophone baryton), trompette (aussi trompette piccolo), cor, trombone, orgue, 3 accordéons, harpe, 2 percussionnistes, violon, contrebasse

informations sur la création

date
28 septembre 1994

France, Strasbourg, festival Musica

interprètes

Terence Roberson : ténor, Isa Lagarde : soprano, ensemble Les Jeunes Solistes, direction : Rachid Safir.


date
Avril 1996

France, la Rochelle

interprètes

Peggy Bouvret : soprano, Terence Roberson : ténor, Isa Lagarde, ensemble vocal de l'Abbaye-aux-Dames, direction : Michel Laplénie, Ensemble Ars Nova, direction : Philippe Nahon.

Note de programme

Messe, un jour ordinaire s’articule principalement autour de deux textes : celui du rituel de la messe (« l’Ordinaire de la messe », que l’on chante tous les jours) et la parole dérisoire de Laurence, jeune femme à la dérive, toxicomane ordinaire (aujourd’hui disparue), tirée d’un document filmé de Jean Michel Carré, « Galère de femmes ».

Elle met ainsi en présence une parole collective – parole véhémente, fracassante, sûre de ses valeurs, sûre de son ordre – et une parole individuelle, modeste, minime, humaine et négligeable.

Dans ce contexte tragi-comique et un peu graveleux les mots de la messe (chantés par le chœur et deux solistes éloquents) vont s’user au fur et à mesure de leur répétition jusqu’à se vider de leur sens et ne plus exprimer que quelques réflexes agressifs et conditionnés. « Rex ! Roi-roi, King ! Gloire  ! » « syndrome de la magnificence » caractéristique du groupe.

Le chœur et solistes seront soutenus par un orgue (écriture immuable et primitive), des cuivres tonitruants, une débauche de cloches et quelques pauvres traits d’accordéons.

« Fraîchement » sortie de prison, Laurence tente une série de démarches auprès d’une association caritative où elle obtiendra en consolation une paire de bottines presque à sa taille.  Sa voix est plus modeste, moins puissante, parfois dé-timbrée, bien plus proche des mots ; un violon précède, soutient ou commente ses mots. Ses demandes vont perturber et agresser le groupe jusqu’à déstabiliser le bon ordre de la liturgie.

A la dérive, de Heilig (Saint), Heiliger Geist (Saint Esprit), Heiliges Reich (Saint Royaume), Heiliges Fleisch (Sainte Viande) à une phrase de Klaus Barbie « Herr Präsident, ich habe nichts zu sagen » (Monsieur le Président je n’ai rien à dire) la liturgie se radicalise jusqu’à se détruire piteusement.

***

Enfin, sur quelques sons suspendus, la partition se repose sur des mots étranges et doux, simples et forts : « doucement, lorsque le jour monte, les ombres se mettent à danser secrètement, et la lune vertige, avance, à pas de ciel vers l’aube », mots écrits par Nathalie Méfano à qui cette œuvre est aussi une sorte d’hommage.



Bernard Cavanna

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