informations générales

date de composition
2012
durée
40 min
Commande
commande d'Etat

genre

Musique vocale et instrument(s) (1 voix soliste et ensemble jusqu'à 9 instruments)

effectif détaillé

voix de femme non précisée [chanteuse Nô], flûte, clarinette (aussi clarinette basse), trombone basse, percussionniste

informations sur la création

date
23 octobre 2012

version courte, France, Paris, Conservatoire national supérieur de musique

interprètes

Ryoko Aoki : chant Nô, Orchestre des Lauréats du Conservatoire, direction : Jean-Philippe Würtz.

observations

  • Prix Salabert 2012.
  • Durée de 40 minutes pour la version courte.
  • Effectif pouvant contenir une ou plusieurs flûtes.

Note de programme

  • Synopsis : Le poète Kanémori, qui vécut au Xe siècle, envoie une lettre à Shigueyuki le questionnant à propos de rumeurs concernant l'existence d'une sorcière « Oni » à Adachigahara. Il désire ardemment une jeune femme, ses parents refusent de lui donner sa main car elle est trop jeune. Bien plus tard, la famille de cette femme disparaît et son mari l'abandonne. Un moine veut se rendre à Adachigahara. La jeune femme est devenue vieille. Dans sa chambre, il y a des corps en putréfaction...
  • Note d'intention : Ma découverte du Japon, en avril 2010, fut déterminante dans l’évolution de mon travail compositionnel. Elle a donné lieu à une réflexion sur plusieurs niveaux qui s’est manifestée jusqu'à présent au sein de cinq pièces - les trois pièces de mon cycle Nara (2010), ma pièce pour chœur, shô et ensemble Croisées dormantes (2011) et ma pièce pour violoncelle solo ensemble et électronique Epopées - pauses pluitées (2012). Au sein de ces pièces, la question du lien entre éléments hétérogènes – très importante dans le shintoïsme, ainsi que le rapport entre la fixité et la mouvance – très présente dans la musique traditionnelle comme le Gagaku par exemple, ont été au centre de mes préoccupations. C'est après une lecture passionnante sur les contes et légendes au Japon que j’ai découvert l’histoire d’Adachigahara. Cette histoire est également à la base d’une pièce de théâtre Nô du même nom extrêmement populaire au Japon, que j’ai eu la chance de voire lors de mon avant-dernier séjour à Tokyo, au Théâtre National en juillet 2011. Il est intéressant de noter que dans la pièce de Théâtre Nô Adachigahara, seule la fin de l’histoire nous est contée – des moines demandent le gîte dans une mystérieuse cabane en forêt où habite une vielle dame ; le plus jeune d'entre eux découvre qu'elle se révèle être une sorcière « Oni » qui dévore ses hôtes. Toute la première partie, qui se concentre sur le passé de cette vielle dame, bien plus tragique, ne figure pas dans la pièce : elle existe dans la tradition orale. J'ai alors pensé à travailler sur le lien entre ces deux pendants d'une même histoire. Ainsi, le projet de cet opéra pose la question centrale de la représentativité ; cette question s'exprime par la réécriture de l'histoire – réalisée par la spécialiste du Nô Sachiko Oda et par l'élaboration d'une musique en ombres, à la fois présente et cachée, qui exclu toute forme d'exotisme et qui s'appuie sur l'hétérogénéité et la fixité déjà esquissée dans les pièces susnommées. Cette réflexion musicale s'exprime principalement dans l'orchestration avec l'élaboration de ce que j'appelle les O.E.S. - objets électroniquement stratifiés. Il s'agît ici de travailler finement avec les niveaux d'amplification et de traitement permettant de révéler certains timbres instrumentaux imperceptibles en situation acoustique traditionnelle et de les orchestrer afin de réaliser des objets musicaux à la fois inattendus et singuliers. La subtilité du matériau est mise en relief par la création d'espaces musicaux électroacoustiques environnementaux et évanescents. Se tisse alors un discours musical étrange, empreint d'une expressivité délicate et ouverte sur le monde, d'une fragilité fuyante et intime.

 



Aurélien Dumont.

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