Hierro y Espacio : il s’agit d’une de mes premières pièces pour bande, qui est également le cadre d’une exécution en direct sur un grand piano amplifié. Elle forme un diptyque avec Ananke, une autre pièce pour bande et piano amplifié réalisée la même année. Les sons qui la composent (autant ceux enregistrés que ceux de la partie jouée en direct) sont tous réalisés à l’intérieur de la caisse de résonance du piano, sans faire usage du clavier, sauf pour déclencher quelques « muted » sur une corde précise, ou pour faire rebondir (et même expulser hors du piano) des objets divers posés sur les cordes. Des outils aussi divers ont été employés pour attaquer les cordes et les bois. Très importants ont été des objets métalliques de tailles diverses utilisées pour jouer des clusters plus ou moins denses. Un travail minutieux de génération des sons a été nécessaire pour délimiter, définir, fixer, traduire et noter chaque son dans sa singularité. Le titre de la pièce découle des qualités des sons ainsi obtenus : Hierro (fer) et espace. La caisse de résonance du piano est devenue ainsi la source d’un grand « bruit harmonique » très articulé — cela dit sans contradiction, car les cordes affectées par le musicien affectent à leur tour d’autres cordes, et les bois frappées se transmettent à d’autres matières. Tout le piano résonne alors en atteignant des énormes masses de matières spectrales.