Avec Entours, j'ai pour la première fois ressenti ma musique comme un territoire que l'on parcourt, qui se construit au fur et à mesure qu'on le découvre. L'ethos de ce lieu musical intime et communautaire est le fruit de recherches et de mixtures de timbre initiées depuis mon entrée au cnsmdp. Chaque instrument a été choisi pour le type de diction qu'il peut avoir : comment chacun peut participer au même rituel mais avec ses propres spécificités acoustiques (et comment mêler son acoustique et son amplifié, transformé), comment chacun (et l'écoute de chacun) participe à la création de ce lieu précis et à ses alentours.
Le monde micro-intervallique est exploré avec obstination. Il permet un véritable déploiement mélodique, concentré à la flûte mais qui a des retombées sur les autres instruments. Cet univers mélodie, relu par le piano préparé, construit l'harmonie qui est ensuite amplifiée par les différentes potentialités instrumentales des scordatura des trois instruments à cordes, et des frettes mobiles du théorbe.
Cette pièce est en grande partie liée à mon expérience du gamelan javanais, mais jamais de façon directe. La confrontation avec un système musical tout autre nous oblige à regarder sa culture autrement. Il n'y a pas d'emprunt directement sonore (le piano préparé n'a rien à y voir), mais j'ai exploré les notions d'anticipation harmonique, d'ornementation, de cycle harmonique qui parfois rejoint des formes occidentales plus anciennes (un ground à la fin), un découpage des sections mélodiques en fonction des registres, des relations ambiguës entre tempo, rythme harmonique et structure, des variations progressives de tempo, etc…
Nicolas Mondon.