C'est une pièce écrite sous l'influence de son activité de professeur. Elle appartient à une période bien précise qui n'est ni sa première manière, telle qu'il l'a lui-même définie dans son ouvrage Technique de mon langage musical en 1944, période à laquelle se rattachent les Vingt Regards sur l'Enfant Jésus, ni sa période « ornithologiste », essentiellement consacrée aux chants d'oiseaux (1952/63), mais une période charnière extrêmement fertile, et qui comporte : Cantéyodjâya, Quatre Etudes de rythme (1940/50), dont Modes de Valeurs et d'Intensités, Messe de Pentecôte (1950) et Livre d'Orgue (1951).
De structure ferme — qu'on peut simplement rattacher à deux rondos librement imbriqués l'un dans l'autre — l'œuvre est formée par une trentaine de séquences relativement courtes, différentes par Ieur écriture et leur tempo. Chaque section porte généralement un titre, emprunté à la langue hindoue. La rythmique, libre, est une donnée essentielle de cette page.
Ainsi, par exemple, les deux premières mesures (refrain du premier rondo) ont un rythme et une courbe mélodique qui les rendent facilement repérables dans l'œuvre. Ce sont elles qui donnent son titre à la pièce.
Fortement influencée par les données essentielles de la musique hindoue, l'esthétique rythmique est aussi complexe que son effet émotionnel est immédiat. L'écriture fait alterner des séquences de mélodicité (alba, linéacourbârasa...), d'autres de rythme pur, en accords puissamment accentués (globouladjhamapâ) et enfin certaines séquences de recherche sur le timbre : ainsi le premier couplet du deuxième rondo (plisséghoucorbélinâ), qu'on dirait échappé à quelque tabla hindoue.
Ainsi constamment sollicitée par l'originalité et l'invention de l'écriture, l'attention de l'auditeur n'est pas tentée de s'égarer. L'œuvre fut créée, ainsi que Modes et Valeurs et d'Intensité aux consorts du Domaine Musical par Yvonne Loriod, le 24 février 1954.