L’idée initiale de cette pièce est née de la possibilité de composer une dramaturgie musicale explorant la tension physique entre le corps instrumental, le corps électrique et celui du musicien.
En travaillant avec des traitements qui confèrent un comportement instrumental très proche des sons de synthèse ou qui, à l’inverse, préservent une sensation humanisée et organique de la matière électronique, j’ai été intriguée par la possibilité pour Florentin Ginot de découvrir une voix inouïe de sa contrebasse. Au fil de recherches très approfondies, nous avons trouvé le moyen de créer de nouvelles relations acoustiques en faisant désaccorder, par le contrebassiste, les cordes de son instrument alors même qu’il joue.
L’auditeur est guidé dans la recherche d’un équilibre fragile, qui se traduit par un rapport sensuel et sensoriel entre la partie instrumentale et l’électronique. Les promesses qu’impliquent les désirs sonores et physiques des trois corps évoluent, modelant un processus de transformation, déformation, modulation, distorsion, amplification et diffusion, qui change en fonction de leurs relations et des actions opérées par le musicien directement sur le corps de l’instrument. Cette aventure sonore s’accompagne des puissants vers poétiques de Walt Whitman et nous amène dans un espace organique, où les trois corps deviennent un seul.
Claudia Jane Scroccaro