Sven-Ingo Koch a étudié la composition, la composition informatique, le piano et la musicologie à l’université Folkwang des arts d’Essen avec Nikolaus Huber. Puis, de 1999 à 2003, il étudie à San Diego, grâce une bourse du DAAD, puis à Stanford avec Roger Reynolds et Brian Ferneyhough. Le compositeur parle volontiers de cette partie de ses études comme la plus formatrice et profondément marquante.
Il a reçu des bourses de nombreuses institutions, parmi lesquelles le GRAME de Lyon (2003), la Fondation Heinrich Strobel de la SWR (2004), Schloss Solitude (2007), Gastkünstler ZKM (2008), la Villa Massimo (2011), la Fondation Konrad Adenauer (2012), la Casa Baldi (2015), la Film- und Medienstiftung NRW (2019) et l’association suisse artbellwald (2023).
Le travail de Sven-Ingo Koch porte en majeure partie sur les superpositions et les interactions : ses pièces mettent en jeu des lignes d’instruments qui se ne croisent jamais, composées indépendamment les unes des autres mais pouvant émerger de mêmes cellules rythmiques et mélodiques. C’est le cas avec le hautbois et le clavecin dans Die Frage nach der Dinglichkeit (2018) ou dans Anders und Y. (1999) pour clarinette et piano, une de ses premières pièces, ou dans la série Von der Liebe zur Linie (2016-2022). Le compositeur rapproche ses explorations de la polytonalité d’un Charles Ives ou, sur un plan plastique, des procédés de frottement de la toile par Max Ernst.
Il fait remonter cette recherche à son voyage fondateur en Californie et à l’expérience qu’il y fit de ne pas être compris en parlant sa langue maternelle : « Le choc des cultures et cette solitude particulière a beaucoup influencé ma musique. Cela m’a donné l’idée d’écrire pour des couches sonores indépendantes qui se croisent, se confrontent ou s’ignorent1. » La multiplication des lignes dans ses œuvres abolit la hiérarchie entre voix principales et secondaires et les libère de la contrainte de l’intégration. Le compositeur s’attache, selon le mot de Mahler qu’il aime à citer, à approcher la composition comme la « construction d’un monde2 », mais avec très peu de matière, afin que son langage musical soit rapidement assimilable par l’auditeur. Il se sert alors de ce dispositif pour créer au sein de son auditoire des attentes qu’il s’amuse ensuite à déjouer. La tension qu’explorent la plupart de ses pièces tient à cette recherche d’hétérophonie et d’hétérochronie avec un matériau de départ réduit.
Les pièces de Sven-Ingo Koch sont jouées notamment par l’Orchestre symphonique de la radio SWR de Stuttgart, l’Orchestre symphonique de la radio bavaroise, l’Orchestre symphonique de la WDR et l’Orchestre symphonique de Tokyo, Musikfabrik, Klangforum Wien, l’Ensemble Modern, l’Ensemble Resonanz, les Neue Vocalsolisten ou les quatuors Auryn, Arditti, Sonar, Michelangelo et Vogler. Il a également composé les pièces kreisförmig quadratisch (2006) et Barabande (2007) pour l’ensemble Ascolta pour des films abstraits et expérimentaux des années 1920 de Walter Ruttmann.
Le compositeur travaille actuellement à une commande de la Galerie en ligne Ficher-Rohr pour le vernissage d’une exposition consacrée à Gerhard Richter.
Prix et récompenses
- Prix de Rome / Villa Massimo, 2011 ;
- Prix de promotion de la musique de DĂĽsseldorf, 2006 ;
- Prix des Weimarer FrĂĽhjahrstage, 2006 ;
- Prix de la fondation Elisabeth Schneider, 2005 ;
- Prix de composition de Stuttgart, 2003 ;
- Folkwangpreis, 1999.
1. Cité sur anaclase.com, 23 juillet 2007 : http://www.anaclase.com/chroniques/sven-ingo-koch-salut-to-sd-2006-en-création-française↩
2. MusikTexte, mai 2020, p. 55-58.↩