Née en 1958 à Metz, Suzanne Giraud étudie le piano, le violon, l’alto et l’écriture musicale au Conservatoire de Strasbourg puis entre au Conservatoire de Paris, d’où elle ressort diplômée en harmonie, contrepoint, analyse, orchestration, composition et direction d’orchestre.
Sa vocation pour la composition s’étant affirmée et tout en abordant l’écriture spectrale avec Hugues Dufourt et Tristan Murail, elle s’initie aux techniques informatique et acousmatique sur l’UPIC, au GRM et à l’Ircam où elle réalise quelques séquences remarquées. Elle étudie ensuite avec Franco Donatoni à l’Accademia Chigiana de Sienne, puis avec Brian Ferneyhough, aux cours d’été de Darmstadt.
Confirmée par un séjour de deux années à la Villa Médicis et récompensée de prix par la Sacem, l’Unesco, la SIMC et l’Académie des Beaux-arts, elle reçoit d’importantes commandes de l’Ensemble Intercontemporain, de Radio-France, de l’Etat, de Musique Nouvelle en Liberté, du festival Musica de Strasbourg, du festival de Dresde et est invitée à Londres (Théâtre Almeida), à la Haye (Orchestre de la Résidence), à Budapest et à Manchester (sélections SIMC de 1986 et 1998), à Genève, Lausanne, Darmstadt, Cardiff, Sarrebruck et Salzbourg.
Sa musique de chambre culmine avec le deuxième quatuor à cordes, écrit pour le quatuor Arditti en 1997 et le trio pour soprano, clarinette et percussions, que l’ensemble Accroche-Note a interprété avec succès en France et à l’étranger.
Très familière des instruments à cordes, auxquels elle a dédié une oeuvre importante inscrite au répertoire de l’Orchestre de Chambre National de Toulouse, elle renoue en 1996 avec ses timbres de prédilection : les voix (Petrarca pour 6 voix mixtes) et l’orchestre (Ton cœur sur la pente du ciel, pour orchestre et To one in Paradise, pour mezzosoprano et orchestre).
L’expression lyrique, le climat d’émotion pure et les textures fines et décantées qui lui sont propres étaient déjà bien décelables dans La dernière lumière, créée par l’Itinéraire en 1985. On les retrouve très affirmés dans son concerto pour basson, interprété par Paul Riveaux et l’Ensemble Intercontemporain, sous la direction de David Robertson en 1993.
La peinture et la poésie sont pour elle des sources multiples d’inspiration, si l’on en juge par les titres de ses oeuvres et par son catalogue, riche, à l’heure actuelle, de plus d’une trentaine de pièces : L’offrande à Vénus, d’après Titien, Voici la lune, d’après Michel Leiris, La dernière lumière, sur des poèmes d’Ivan Goran Kovacic, La musique nous vient d’ailleurs, d’après Le seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien, Petrarca, sur des sonnets de Pétrarque, To one in Paradise, d’après Edgar Poe et Bleu et ombre, dont elle a écrit elle-même le texte poétique.