Aaron Copland naît à Brooklyn le 14 novembre 1900 dans une famille de Russes juifs émigrés. Il commence le piano avec sa sœur à l’âge de onze ans puis se perfectionne avec Ludwig Wolfsohn. En 1918, il obtient son diplôme à la Boys’ High School de Brooklyn mais ne poursuit pas d’études universitaires. De 1917 à 1921, il étudie l’harmonie et le contrepoint en privé avec Rubin Goldmark et le piano avec Victor Wittgenstein (1917-1919) puis avec Clarence Adler (1919-1921). De 1921 à 1924, il séjourne en France où il suit l’enseignement de Nadia Boulanger (harmonie, composition) au Conservatoire américain de Fontainebleau puis à Paris. Il étudie également le piano avec Ricardo Viñes et s’initie à la direction d’orchestre avec Albert Wolff (1921). De retour aux États-Unis, il va mener une brillante carrière de pianiste, de compositeur, de chef d’orchestre et d’enseignant.
En 1925, sa Symphonie pour orgue et orchestre (1924) est créée par Walter Damrosch avec Nadia Boulanger comme soliste. Il compose également Music for the Theater et écrit ses premiers articles dans Modern Music (une revue à laquelle il collaborera régulièrement entre 1936 et 1939). Sous la direction de Serge Koussevitzky (qui devient alors son interprète de prédilection) il crée, en 1927, son propre Concerto pour piano (1926) dont les éléments inspirés du jazz font scandale. C’est à cette époque qu’il entreprend une série de conférences à la New School for Social Research de New York qu’il poursuivra jusqu’en 1938. Ces conférences seront publiées dans deux ouvrages : What to Listen for in Music(1939, rév. 1957) etOur New Music(1941, édition révisée en 1968 sous le titre*The New Music:*1900-1960).
En 1928, il fonde, avec Roger Sessions, les Copland-Sessions Concerts (1928-1931) destinés à promouvoir la musique moderne américaine. La même année, il rejoint une autre association majeure de l’avant-garde musicale : la League of Composers, dont il restera membre jusqu’en 1954 et dont il sera directeur de 1948 à 1951. Copland continuera par la suite à jouer un rôle important dans les associations et structures musicales américaines en dirigeant notamment le festival de musique contemporaine de Yaddo (1932-1933), l’American Composers Alliance (1939-1945) et en co-fondant l’American Music Center en 1939.
En 1930, il compose les Variations pour piano (orchestrées en 1957) qui s’imposeront rapidement comme un des chefs-d’œuvre du répertoire pianistique américain. En 1932, il visite Mexico où Carlos Chávez dirige le premier concert entièrement consacré à ses œuvres. Les musiques populaires du Mexique — un pays où il se rendra souvent — lui inspirent El Salón México (1932-1936). Durant la Dépression, il affirme ses idées socialistes en soutenant le Composer’s Collective, le Young Composers Group et le Group Theater, tous proches du Parti Communiste. En 1935, il donne ses premiers cours à l’Université d’Harvard où il enseignera jusqu’en 1944. Il retournera ensuite à Harvard en 1951 pour occuper pendant un an la prestigieuse chaire de Norton Professor of Poetics. Ses conférences seront publiées l’année suivante sous le titre Music and Imagination.
En 1937, il écrit son premier opéra The Second Hurricane et, l’année suivante, compose pour le Ballet Caravan de Lincoln Kirstein Billy the Kid qui contribuera grandement à sa notoriété. La même année, il fait la connaissance de Leonard Bernstein avec qui il se liera d’une profonde amitié et qui jouera un rôle essentiel dans la diffusion de sa musique à travers le monde. En 1939, il compose ses premières musiques de film : The City (O. Sterlin) et (L. Milestone), vingt ans avant qu’Hollywood ne lui décerne l’Oscar de la meilleure musique de film pour The Heiress (W. Wyler).
De 1940 à 1967, Copland dirige le département de musique au Berkshire Music Center de Tanglewood où il enseigne la composition. Les années quarante sont les plus productives de sa carrière. Il devient le compositeur de musique classique le plus populaire des États-Unis. Il compose, entre autres, les ballets Rodéo (1942) et Appalachian spring (Prix Pulitzer 1944) qui connaissent un énorme succès, A Lincoln Portrait et Fanfare for the Common Man (1942), dont les accents patriotiques témoignent de sa participation à l’« effort de guerre », la Symphonie n° 3 (1944-1946), In the Beginning (1947), son œuvre chorale la plus ambitieuse, et le Concerto pour clarinette (1947-1948) commandé par Benny Goodman.
En 1949, il retourne en Europe après douze ans d’absence et s’intéresse à la jeune génération de compositeurs d’avant-garde, notamment à Pierre Boulez, chef de file du courant sériel. Il utilise la technique sérielle dans le Quatuor avec piano (1950), puis dans la Fantaisie pour piano (1952-1957). Il compose également les Twelve Poems of Emily Dickinson (1950), pour voix et piano, et les deux cycles d’arrangements de folk songs Old American Songs (1950 et 1952).
En 1951, grâce à l’obtention d’une bourse Fulbright, il réside quelques temps à l’Académie américaine de Rome. La même année, il effectue son premier voyage en Israël. À Jérusalem, il donne une conférence sur les compositeurs juifs dans laquelle il affirme sa conviction qu’un compositeur peut être profondément national tout en demeurant profondément juif. En 1952, il entreprend la composition de son opéra The Tender Land qui sera créé au New York City Opera en 1954. Victime du maccarthysme, il est assigné à comparaître devant le Congrès en 1953 et doit déclarer sur l’honneur n’avoir jamais été communiste. En 1958, il dirige pour la première fois le New York Philharmonic. Sa carrière de chef d’orchestre, marquée par de nombreuses tournées à l’étranger, s’intensifiant, son activité de compositeur ralentit quelque peu. Il compose deux œuvres sérielles pour orchestre : Connotations, en 1962, pour le concert d’inauguration du Lincoln Center de New York et Inscape, en 1967, pour le cent cinquantième anniversaire de l’Orchestre philharmonique de New York.
Copland cesse pratiquement de composer dès le début des années soixante-dix. Il se consacre alors principalement à sa carrière de chef d’orchestre qu’il poursuivra jusqu’en 1983. Atteint de la maladie d’Alzheimer, sa santé se détériore. Il meurt le 2 décembre 1990 à North Tarrytown, New York, d’une insuffisance respiratoire.
Au cours de sa prestigieuse carrière, Copland a fait de nombreuses tournées à l’étranger notamment en Europe et en Amérique du Sud. Il a reçu de très nombreuses distinctions parmi lesquelles figurent la Médaille Présidentielle de la Liberté (1964) et la médaille d’or de musique de l’American Academy of Arts and Letters (1986).