Écrivant ses propres pièces depuis l’âge de dix ans, Bastien David étudie la composition dans les classes de Bernard Cavanna et José Manuel Lopez Lopez au Conservatoire de Gennevilliers, puis dans la classe de composition de Gérard Pesson au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Membre de l’European Network of Opera Academies (ENOA), compositeur invité par le Ministère Bavarois des Sciences et des Arts, il est pensionnaire à La Villa Médicis et, pour la saison 2022-2023, artiste résident de l’Ensemble 2e2m.
En 2022, il compose Les Métamorphoses, une première œuvre destinée au métallophone, un nouvel instrument de percussion en douzième de ton qu’il a élaboré pendant neuf ans, d’une longueur de quinze mètres de circonférence composé de 216 lames d’acier et qui se joue à six interprètes. Celui-ci permet une immersion sonore acoustique et des sensations synesthésiques, et constitue tant une expérience sonore que visuelle car sa pratique se rapproche de la chorégraphie. Ce projet, d’abord développé au Myanmar et dont le coffrage a été réalisé lors de son séjour à la Villa Médicis, soutenu par la Banque Populaire et par l’Académie des Beaux-Arts, constitue une synthèse de la réflexion écologique et sociale du compositeur : un temps de développement long, à l’encontre d’une pratique immédiate et consumériste, une volonté d’adaptation de l’instrument qui peut changer de forme en fonction du lieu qui l’accueille, un mode de jeu pensé pour un groupe de six personnes, recréant une société microscopique, où le partage et la coopération sont nécessaires.
Le choix de la micro-tonalité relève lui aussi de cette orientation de pensée : les intervalles très petits qu’elle donne à entendre ouvrent les portes du sonore minuscule (ce n’est pas un hasard si la compagnie d’interprètes qui lui est attachée se nomme Les Insectes). De fait, la micro-tonalité est un phénomène perceptible dans la nature dans l’écoulement de l’eau, le mouvement de l’air, les chants d’oiseaux… Cet intérêt pour le vivant se traduit tout au long de son catalogue : B i r d (2023), Animal (2021), Bec et ongles (2021), Les Insectes (2021) et Flytox (2016), du nom d’un produit contre les mouches, sont autant de pièces qui invitent à repenser notre rapport conflictuel au vivant et à y appliquer plus d’attention et de bienveillance, un mot qui traverse la réflexion de Bastien David qui associe pleinement pratique artistique et pensée écologique : pour lui, l’art est essentiel en tant qu’exercice intellectuel qui rassemble, un moyen d’offrir une capacité à se projeter, à imaginer à quoi peuvent mener les moyens mis en œuvre pour la proposition d’un monde cohérent, comme peut l’être par exemple une partition.
Les œuvres de Bastien David ont été jouées par des ensembles et orchestres tels que l’Ensemble Intercontemporain, l’Orchestre Geneva Camerata, TM +, L’Instant Donné, 2e2m, KDM, Court-circuit, Zafraan-ensemble, Xamp, Aleph et l’Acousmonium du GRM et interprétées par des solistes comme Renaud Capuçon (Bec et ongles, 2021) ou Fanny Ardant (Phaidra, 2020). Elles ont été produites notamment au Festival Présences de Radio France, au Festival d’Aix-en-Provence, au Festival Messiaen, au Festival Aujourd’hui Musiques, au Festivals Why note, Impuls (Allemagne), à l’Auditorium de Radio France, à la Villa Médicis, la Philharmonie de Paris, l’Opéra Comédie à Montpellier, le Théâtre de l’Aquarium, la Marbrerie de Montreuil ou encore à Radial Système (Allemagne).
Ses œuvres sont éditées chez Henry Lemoine.