Par ses longues plages harmoniques, son travail sur la transformation lente et continue d’une texture dépourvue de silence, Gabriella Smith se pose en héritière de ses aînés minimalistes et répétitifs. Mais chez elle, les processus sont intrinsèquement liés à l’immersion dans la nature. Maré (« marée » en portugais) se souvient de l’océan au Brésil, pendant une résidence à l’Instituto Sacatar. Sur l’île d’Itaparica, face à Salvador de Bahia, Gabriella Smith avait observé que le flot et le jusant de l’océan, très progressifs, parcouraient une longue distance ; à marée haute, l’eau montait presque au niveau de sa porte. S’inspirant de ce mouvement, des sonorités aquatiques, du vent et des chants d’oiseaux (sons bruiteux, oscillations mélodiques), elle nous invite à mieux écouter le chant du monde.
Hélène Cao, note de programme du concert du festival Présences de Radio France du 5 février 2024 à l'Espace de projection de l'Ircam.