Composé pour un tromboniste, vidéo et électronique, Outer Space questionne l’espace : un espace augmenté avec le développement des nouvelles technologies, dans lequel l’individu moderne s’échappe au risque de se perdre. Ce vertige s’exprime ici par l’utilisation de la vidéo : en fond de scène, elle ouvre une fenêtre sur un espace virtuel, fermé par quatre murs noirs, lui-même habité par trois écrans qui n’ouvrent sur rien d’autre que des images cryptées.
Avec le tromboniste, dont les mouvements sont corrélés aux déplacements de la caméra dans la vidéo, le public se déplace dans cet espace froid, étriqué, inhabitable : fumée, lumières aveuglantes et saccadées et bientôt avatars du musicien le peuplent et l’encombrent jusqu’à la saturation finale. Le trombone, ici instrument de musique et caméra révèle alors sa troisième identité : bouche démiurgique, gobant un à un les clones du musicien dans une scène des plus burlesques. Dans la vidéo, plus rien ne subsiste, si ce n’est, figée sur les écrans, l’image abyssale du pavillon du trombone vu de face, menaçant, pointé vers le public.