Avant même de découvrir la poésie de Else Lasker-Schüler je souhaitais créer avec cette œuvre une musique intérieure et profondément expressive. Les « outils » des compositeurs d’aujourd’hui inclinent plus spontanément à travailler sur la plastique du son ou sur les processus d’organisation formelle qu’à traquer l’émotion. Mais ces mêmes outils (par exemple les échelles en micro-intervalles) ont aussi la capacité de renouveler l’écriture mélodique, de créer une variété de couleurs et de tensions harmoniques, éléments essentiels à la construction d’un discours musical qui évite les écueils du formalisme. La poésie de Lasker-Schüler, parce qu’elle allie à un maniement particulièrement inventif de la langue allemande une hypersensibilité toute de force et de pudeur, m’a tout de suite bouleversé. J’ai pensé que le dialogue entrepris avec ces textes m’aiderait à accomplir le projet de cette nouvelle œuvre.

Ihm eine Hymne est aussi née de la relation privilégiée que j’entretiens avec ses interprètes, chanteurs et instrumentistes, dont les sonorités sont gravées dans mon oreille depuis déjà de nombreuses années.