Après Mémoire de vague (alto et quatre instruments), Waves (alto et ensemble), Flexus (flûte et ensemble) et Plexus (hautbois et ensemble), Nexus (pour clarinette et ensemble instrumental dont le soliste est extrait) fait partie d’une série de concertos que l’on pourrait appeler « concerti grossi a una parte » (puisqu’il ne s’agit pas exactement d’un groupe de solistes opposés à un ripieno, mais d’un soliste engendrant des situations musicales à caractère fixe ou évolutif).
Cette pièce a en commun avec les quatre précédentes un caractère de virtuosité attaché à l’histoire des concertos, avec un double (ici le saxophone) et peut-être est-ce-là le seul effet cyclique que constitue cet ensemble d’œuvres.
Le matériau, d’abord fourni par le soliste, fonctionne ici à partir de 9 comportements de base qui sont recyclés dans un réseau de 11 sections divisées, pour huit d’entre elles, en trois parties. L’on pourra reconnaître dans cette axiomatique numérique une énième déconstruction des formes tripartites triturées par l’histoire (vif, lent, vif et ses déclinaisons).
Pourtant le rapport de ces sections, en accordéon pour ce qui concerne la durée, exploite davantage l’intrication momentanée d’éléments de succession ou la projection dans le temps d’éléments superposés, que l’opposition déclaratoire des comportements instrumentaux de style concertant. Somme toute, tout un chacun se concerte, ou concerte avec les autres (ou pense le faire), dans une union aussi bien qu’un conflit.
Dans ce contexte, le voyage que constitue une forme est un nœud (nexus) de situations déployées dans une temporalité dont les composants sont et successifs et simultanés.