<p>L'écriture pour orgue pose de nombreuses, d'inhabituelles questions. C'est un instrument rétif à toute approche globale, à toute formalisation victorieuse : dans le meilleur des cas, seul son titulaire connaît véritablement tous ses secrets, ses mixtures privilégiées, les moments de sa plénitude, l'expressivité de ses menus défauts. <br /></p><p>C'est un instrument qui ne se transporte pas, dont l'identité fait corps avec son lieu de baptême. Le corps de l'orgue et le corps de la cathédrale sont deux instruments avec lesquels compter, en leurs résonances réciproques. <br /></p><p>C'est un instrument riche de possibles métaphores. Dans ces <em>Six pièces </em>(j'ai finalement, comme par dépit, renoncé à l'invention d'un titre plus suggestif) c'est le principe de la "mixture" qui m'a intéressé. Ce terme exprime une manière particulière d'associer mécaniquement des tuyaux, de sorte à habiter la totalité de l'ambitus de l'instrument, quelle que soit la note effectivement jouée. J'ai transposé cette particularité de l'orgue à différents domaines de la conception de la composition: l'architecture de la pièce est constamment fondée sur l'ambiguïté du moment et de la mémoire.<br /></p><p><em>Brice Pauset.</em><br /></p>