<p>Il en est de la poésie comme de la mémoire : ce qui est perdu se redessine, refaçonné dans la langue, par l’inlassable feuilleté des évocations. La forme du concerto, par son déséquilibre fondateur, semble à même de transcrire ce travail poétique. Je pourrais presque dire que la partie de clavecin principal, ici, se charge d’oubli, de fragilité, ne se nourrit que des résidus laissés pour compte par l’ensemble qui, par son encerclement tant physique que sonore, menace constamment le soliste d’engloutissement. Quelques clairières optimistes, néanmoins, feront croire un moment à une fraîcheur retrouvée, une innocence épargnée, ne serait-ce que par leurs titres: « Pomme dédiée à la mer », « Narcisse du marbre », « Papillon de pierre ». Si ce concerto avait un sujet, c’est d’exil qu’il faudrait discuter, ou plutôt de ce que l’exil force à rêver : la langue de la mélancolie, des amitiés pétrifiées, une carte du monde. <em>Birwa</em> est le nom du village natal – aujourd’hui disparu – du grand poète palestinien Mahmoud Darwich.</p><p><em>Brice Pauset.</em><br /></p>