Le Quatuor à cordes n ° 3 présente une dialectique entre une texture sonore fugace et une structure sousjacente très régulière. Une dizaine de « thèmes » (ou une vingtaine quand ils se combinentpour se « dédoubler ») se juxtaposent sans cesse de différentes manières ; ils ne sont développés qu’à de rares moments. Mais chacun de ces « thèmes » en lui même est insuffisant. Comme si le son normal des cordes était mis sous un microscope ou comme si un rayon statique de lumière était diffracté par un prisme et se dispersait. Souvent, le matériau sonore, qui migre aux frontières du silence, est à peine perçu. On trouve ainsi, par exemple, les thèmes du glissandi avec archet rebondi, des trilles harmoniques, des « col legno battuto » et (au plus près d'une hauteur stable) celui du sol à l'octave, constamment divisé en microtonalités. Ce dernier thème dérive d’une improvisation que j’ai enregistrée avec la violoncelliste Frances Marie Uitti sur le CD Imaginings. La forme de l’œuvre peut être décrite ainsi :
- Exposition de la plupart des thèmes, avec des silences ;
- Répétition de cette exposition au violoncelle sur une pédale de triton (exposition de développement) ;
- Point culminant ;
- Deux nouveaux thèmes combinés avec les anciens (thème du glissandi sur deux cordes et thème du pizzicato) ;
- Conclusion (comparable à une danse), avec la dominance du thème du « col legno battuto ». Tout comme mes Quatuors à cordes n ° 1 et n°2, cette œuvre aétéécrite pour le Quatuor Arditti qui est une source d’inspiration inépuisable.
Jonathan Harvey.