Lo-Shu VI fait partie d'un cycle de sept œuvres commencé en 1977 et dédié à des formations instrumentales diverses. Dans cette œuvre de 1989, Hans Zender se réfère au monde extrême-oriental comme il l'avait fait dans Muji No Kyo pour voix et instruments. « Lo-Shu désigne dans la Chine ancienne un carré partagé en neuf ; c'est l'espace et le temps qui seraient compris dans cette structure. D'un autre côté le haïku est une forme de poésie japonaise : elle consiste en trois vers de cinq, sept, cinq syllabes chacun. Un haïku se caractérise par la concision et la spontanéité de l'expression. »
Lo-Shu VI pour flûte et violoncelle se compose de cinq pièces. Ces pièces sont structurées suivant la découpe du haïku, cinq, sept puis à nouveau cinq incises séparées par des silences et points d'arrêt. A partir de ce canevas le compositeur propose des versions diverses. La première pièce est toute de sons ténus : harmoniques et jeu à la lisière du souffle pour la flûte, jeu sur le chevalet et le cordier pour le violoncelle. Plus animée et vibrante, la deuxième pièce commence en trilles de la flûte, jeu battu avec le bois de l'archet sur le violoncelle. Trémolos et arpèges s'accélèrent jusqu'au presto central. Dans la troisième pièce, les effets de contraste sont très appuyés, tandis que la quatrième est la seule à proposer une progression linéaire. Partant du murmure d'un trémolo éthéré le discours va s'intensifier incises après incises. Trémolos et glissandi sont toujours plus sifflants et bruyants comme un vent qui se lève. Hans Zender retrouve ici le jeu d'imitation des éléments propre à la musique traditionnelle japonaise. Dans la dernière pièce, chaque éclosion est comme un monde miniature en soi, bien dans l'esprit du haïku.