Les Fünf geistliche Lieder, opus 15 témoignent de l’attachement de Webern pour les textes populaires : ce sont ici des textes religieux allemands anciens, et un extrait du célèbre recueil Des Knaben Wunderhorn.
Composées entre 1917 et 1922, ces courtes pièces s’inscrivent dans une période de recherche – et pas uniquement pour Webern, puisque c’est en 1923 que Schoenberg inaugurera la série. En quête de nouvelles possibilités d’expression, le compositeur choisit pour ce recueil, comme pour d’autres oeuvres de la même période, une combinaison instrumentale originale, voire inattendue. La voix elle-même est souvent traitée comme les « autres » instruments.
Le quatrième lied, « M ein Weg geht jetzt vorüber », occupe une place singulière dans l’oeuvre de Webern, puisque, dans les six premières pages d’esquisses qui nous en sont parvenues, Webern écrit une suite de 12 notes – c’est la première occurrence d’une telle série, même si celle-ci sera abandonnée en cours de route et ne reparaîtra que dans l’opus 17.
Dans le cinquième et dernier lied (qui fut aussi le premier composé, dès 1917), Webern se livre à un autre de ses exercices favoris à venir : le canon, avec un double canon par mouvement contraire.
Jérémie Szpirglas.
Note de programme du Concert final de l'Académie, dans le cadre du festival ManiFeste, le 1er juillet 2017 au Centre Pompidou.