Composées en 1911, deux ans après Erwartung et un an avant le Pierrot lunaire, ces six pièces représentent avec les trois pièces opus posthume pour orchestre, l'aboutissement du traitement par Schoenberg de la petite forme. Cette utilisation de pièces extrêmement courtes, ne durant que quelques secondes constitue certainement moins une « réaction » contre le gigantisme du post-romantisme, que la conséquence logique de l'athématisme des oeuvres précédentes, traité ici avec le radicalisme que l'on retrouve à la même époque chez Webern (op. 5 à 11).
La dernière pièce (« Très lent ») fut composée peu après la mort de Gustav Mahler, dont on sait le choc qu'elle causa aux trois « viennois ». C'est la plus extraordinaire du recueil. Elle représente l'athématisme même à ses plus extrêmes limites. Elle s'articule autour de deux accords de trois sons, à peine interrompus par quelques courts motifs, le tout à peine murmuré. Comme dans les pièces les plus radicales de Webern, la musique hésite, sur le point de s'abolir dans le silence.
« Ma musique doit être courte. Maigre ! En deux notes, non pas bâtie, mais « exprimée ». Et le résultat est, je l’espère, sans sentimentalité stylisée et interminablement stérile. C’est ainsi qu’un homme ressent. » Arnold Schoenberg. Lettre à Ferrucio Busoni, 1909.