Cuts and Dissolves signifie en français : « coupures et fondus ». Il s’agit de deux termes techniques empruntés au cinéma. Les coupures et les fondus sont des phénomènes profondément musicaux. Une grande partie de la musique s’articule autour d’eux ; cela devient évident lorsqu’on remplace « coupure » par « contraste » et « fondu » par « jonction ». Conflit et intégration. Composée par Wolfgang Rihm à l’âge de vingt-quatre ans, Cuts and Dissolves est une sorte de symphonie de chambre. Un court prélude et quatre parties. Le sous-titre Orchesterskizzen renvoie au caractère fragmentaire de la forme et du son. La pièce s’inscrit ainsi dans la tradition de la fantaisie. L’arrière-plan — ou mieux, le support — est symphonique. Dans le prélude et la première partie, une forme clairement compréhensible est découpée en plusieurs fondus fracturés et périodiques : une mélodie dégringolante. La deuxième partie est elle-même divisée en cinq courts fragments orchestraux exprimant, principalement par l’intermédiaire de coupures, un scherzo agressif. La troisième partie — sorte de développement du tout — relie des plans musicaux évolutifs et stagnants à un processus allant du clair vers l’obscur. La quatrième et dernière partie possède le caractère d'un adagio, conservé à la manière d'un palimpseste et apparaissant sous d’autres couches. Au cours de la pièce — des quatre parties, s’opère un processus de simplification des événements, un tracé toujours plus net des contours des formes distinctes, un déplacement du fondu vers la coupure.
Wolfgang Rihm, programme du concert du 10 janvier 2009 au Centre Pompidou.