Composé durant l'hiver 1968-1969 à la demande de la fondation Koussevitsky et dédié à Serge et Natalie Koussevitsky, Ramifications représente un tournant important dans l'évolution du langage de Ligeti. Les blocs sonores denses et statiques développés au début des années soixante — et réalisés surtout dans Atmosphères — se transforment ici en une sonorité plus transparente et plus relâchée. Le titre ne se rapporte pas au mouvement des voix individuelles mais à celui des faisceaux de voix, et, par conséquent, la structure de la composition est fondée sur les ouvertures et fermetures de ces faisceaux et sur leurs transformations continuelles. L'autre nouveauté de la composition se manifeste dans l'utilisation d'intervalles plus petits que le demi-ton, s'opposant au tempérament égal divisant l'octave en douze demis tons égaux. L'ensemble, composé des instruments à cordes — un orchestre de chambre ou douze solistes — est divisé en deux groupes égaux accordés à des diapasons différents, décalés d'un peu plus d'un quart de ton. Par ce moyen, Ligeti obtient une sonorité tout à fait particulière, fluctuante et irisée.
Lucie Kayas , programme du Théâtre du Châtelet, 1996-1997.