Les 24 Préludes se présentent d'abord comme un hommage à Chopin, par le titre, par le Ré grave qui termine l'un et l'autre cycle, mais surtout par la conception générale de l'ouvrage qui, d'une succession apparemment hasardeuse de 24 séquences brèves, crée un ensemble organique obéissant à un ordre caché, sans aucune référence anecdotique.
Dans cette « œuvre-somme » sont rassemblés également l'essentiel des éléments naturels qui forment la thématique familière de Maurice Ohana, « la polyrythmie des gouttes de pluie, les sonorités suspendues et brouillées d'un brouillard matinal, les longs accords étalés d'une eau endormie, la course chromatique des vents déferlants » (Michel Bernard). Y sont rassemblés également l'essentiel des possibilités sonores de l'instrument, amplifiées par les ressources harmoniques que donne la troisième pédale, ainsi que quelques accessoires manuels très épisodiquement utilisés.
Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse.