Undicit I pour deux pianos constitue une esquisse des pièces pour ensemble que suivront (Undicit II et III), dédiées à Diego Masson et l’Ensemble Musique vivante. Dans Undicit I la dédicatoire va en premier lieu aux pianistes Carlos Roque Alsina et Jean-Claude Pennetier. Un critère de base existant dans toutes les pièces de cette série est la stratification, qui n’est pas conçue comme « concertation harmonieuse » de quelques entités mais comme superposition de différences, à la manière des couches géologiques (ce sont donc des « voies » et non pas des « voix »). Il est parfois difficile d’identifier chaque voie, car on est immergé dans un champ de sons en mouvement manifestés dans plusieurs directions à la fois. La structure entière de chaque voie (ou courant) constitue un exemple de multiplicité, d’où ressort une « nomadisation de l’écoute » qui serait le thème central des successives versions de cette pièce (pour des ensembles de chambre). Or, cette nomadisation n’est pas, certes, incompatible avec une écoute analytique des sonorités. Mais pour cela l’auditeur doit être en position de penser une multiplicité, c’est-à-dire, d’analyser une polyphonie en termes de déliaisons de ses composantes.