Au printemps 1913, Ravel et Stravinsky travaillent tous deux à Clarens à l'orchestration de la Khovantchina de Moussorgsky. Stravinsky fait découvrir à Ravel la partition du Sacre ainsi que ses 3 Poésies de la lyrique japonaise, en lui expliquant que l'instrumentation de ses mélodies a été influencée par celle du Pierrot Lunaire que Schoenberg vient de lui faire écouter à Berlin. Intéressé par la richesse des possibilités de coloriage instrumental, Ravel commence rapidement cette composition : «Pendant le séjour de Ravel à Clarens, je lui jouai mes poèmes japonais. Friand d'orfèvrerie instrumentale et attentif aux subtilités d'écriture, il y mordit tout de suite et décida de faire quelque chose d'analogue. Peu de temps après, il me joua ses délicieux Poèmes de Mallarmé» (Igor Stravinsky). Rappelons qu'à la même période Debussy met en musique les mêmes poèmes pour chant et piano et que la publication des deux oeuvres sera contemporaine.
Un peu plus tard, Ravel proposait l'organisation d'un «concert scandaleux» comprenant le Pierrot Lunaire, les 3 Poésies de la lyrique japonaise, les 3 Poèmes de Mallarmé... qui ne se réalisa jamais.