« Triphon représente la Jeunesse et son énergie tumultueuse et ombrageuse. Épineuse par moments, la pièce est ponctuée en son milieu d’une sombre marche funèbre. »
Frances-Marie Uitti
Le violoncelle est divisé en deux groupes de cordes, les cordes graves d’une part, les cordes aigues de l’autre. Le premier mouvement commence sur un ton pensif avec un si, auquel répond le si sur la corde de sol. À mesure que l’œuvre progresse et s’anime, l’énergie s’accumule pour exploser soudainement avec une sauvagerie tourmentée, qui se focalise obstinément autour de deux pôles tonaux : le mi et le fa. Un fortissimo implacable et des rythmes distordus mènent à un abrupt saut d’octave augmenté d’un quart de ton jusqu’au fa, mais ce n’est que pour mieux revenir au registre grave, battant de trilles et de pulsations microtonales pour ajouter une nouvelle couche rythmique à la texture. Le mouvement se désagrège progressivement en un récitatif mêlé d’éclats de fureurs ornés en quart de ton, pour se résoudre en n sur un mi.
Le deuxième mouvement évoque une marche funèbre, menaçante dans son recours aux dynamiques extrêmes, staccatissimo, autour d’un centre tonal tout relatif, à l’équilibre entre mi et fa.
Le troisième mouvement est un tour de force passionné et tumultueux, qui a de nouveau recours à l’ambitus complet du violoncelle, déchaîné dans une sauvage énergie.
Note de programme du concert du 13 juin 2019 à l'Église Saint-Merry, Paris.