Triades est une pièce pour grand orchestre construite sur la base d’une hétérophonie élargie au plan polyphonique, ce qui est un moyen de faire ressortir, par rapport à des ensembles limités d’hauteurs et de durées, la pluralité timbrique-rythmique du matériau. Dans ce sens, on peut voir cette pièce comme une tentative de génération constante de différences, voire, un cluster travaillé produit par la stratification de l’espace des timbres de l’orchestre. Les strates, les « plaques de verre » superposées ne visent pas, dès lors, l’unité du matériau, mais son devenir kaléidoscopique. C’est pourquoi cette hétérophonie doit être pensée en même temps comme une hétérarchie : une situation dans laquelle chaque « plaque », chaque pattern, chaque instant, est affirmé comme étant également central. Le titre (« Triadas ») ne fait pas allusion aux triades de l’harmonie tonale, qui est ici absente ; le rapport de trois se trouve logé dans d’autres régions du devenir polyphonique. Il faut dire finalement que ce devenir est en constant mouvement : ceci n’est pas une musique de drones, elle se manifeste au contraire dans une multitude de figures créant ensemble un temps articulé.