Sonate inexpressive ou sonatine expressive? Le développement architectural de la Sonate qui stérilise ou dompte l'impulsion expressive de la petite forme ; l'intimité de la page d’album, la confession plus intime - et le désir de la partager - de l'impromptu, du lied, du prélude; la force ou la fragilité des émotions ou le besoin de consolation dans l'intermezzo, la berceuse, le nocturne...
Ou bien la plénitude de l’émotion et l'insaisissabilité des grammaires qui remuent l'imagination et s’inscrivent dans le charme et la discrétion d'une Sonatine ?
Se permettre "de dire", mais seulement discrètement, comme derrière un voile, “en sourdine”, afin que la tentation d’expressivité et de lyrisme ne soit pas assouvie, mais seulement détournée, et que l’expressivité et le lyrisme soient obligés de cohabiter avec le désir de les retenir pour les préserver, pour leur permettre de se renouveler avec encore plus de force: une force indomptable, impossible à cristalliser, à stériliser en des formes ou des manières qui la montreraient ouvertement, de façon démonstrative, la réduisant pour toujours en discours, emblème, succédané d'une écoute active, que cette force doit chaque fois poursuivre et retrouver...
Le dilemme, évoqué par le titre choisi pour cette pièce, reste délibérément non résolu...
Stefano Gervasoni, décembre 2012.