On pourrait dire que « les parents » des Sonatas for String Quartet, à mesure égale, étaient Webern et Henry Purcell dont j'avais découvert environ un an plus tôt les Fantasias pour ensemble de violes. Au départ, je me proposais de composer un petit nombre de mouvements polyphoniques clos sur eux-mêmes, chacun d'une longueur d'à peu près cent cinquante mesures. Au bout d'un certain temps, le concept de mouvements séparés ne me donna plus aucune satisfaction, il ne semblait y avoir aucune raison, à première vue, pour qu'ils dépendent l'un de l'autre ou même pour qu'on les joue ensemble. Finalement, la solution à laquelle je me résolus consista à déconstruire les matériaux à disposition et à intercaler entre les petits fragments ainsi obtenus de nouvelles caractéristiques de connection et de commentaire, de façon à créer des perspectives totalement neuves. Ainsi, on éliminait la difficulté de définir les limites significatives d'un « mouvement », et la forme finale était une chaîne d'« îles » plus grandes et plus petites du même archipel, certaines suffisamment grandes pour être autonomes, d'autres essentiellement dépendantes de leur environnement contextuel. La tension dialectique propre qui s'exerce entre ces éléments, composés d'une manière consciemment rationalisante, et des moments produits plus spontanément, est un trait majeur de cette pièce. Naturellement, c 'est la série des matériaux de connection, composée vers la fin de l'élaboration de l'œuvre, qui s'enrichit de façon significative par les extrêmes de fragments antérieurs, comme la concrétion progressive, couche après couche, de la matière des récifs coralliens.
À la racine, il y a un simple accord de quatre notes, une inversion de seconde majeure-mineure qui apparaît toujours sous des aspects différents. Certaines classes d'articulation combinatoirement compatibles et de nature tout à fait fondamentale font suite : « pizzicato-note répétée », « glissando-harmonique », etc. La toute première section de la pièce (composée en fait assez tardivement) est un bon exemple de l'emploi simple et multiple de ces catégories. Je me rends compte que cela paraît trop simple, mais j'ai souvent remarqué que l'interprétation d'un tout petit nombre seulement de niveaux d'information fondamentalement simples est capable de générer un objet ou un processus de grande richesse et de haute complexité.