Ce concerto, qui comprend quatre mouvements et deux moments appelés «
Pause », propose une sorte d’itinéraire dans un champ archéologique imaginaire où des bribes d’une
Partita de Bach (une mesure de la troisième pour violon) pour le premier mouvement, un thème chinois (
Jasmin) pour le deuxième, quelques accords, phrases, apocryphes ou non, empruntés à la
Messe de Machaut peuvent être rencontrés.
Dans le premier mouvement, qui porte en sous-titre «
en ré », il s’agit d’une forme simple en Couplet-Refrain, où les deux instruments solistes sont pensés comme un seul instrument, sorte d’instrument hybride, à huit cordes, où la virtuosité domine en permanence, dans une gestion difficile de l’archet.
Le deuxième mouvement (
Transparent) porte un sous-titre : «
Variations sur un thème pentatonique bien enfoui ». Le thème
Jasmin est sans cesse brouillé par de multiples superpositions, parfois filtré par des effets affectant le timbre, absent ou supposé, pour apparaître quelquefois furtivement à où l’on ne l’attend pas. L’adéquation entre la polyphonie et le timbre est ici évidente. D’autres « objets sonores » plus ou moins anciens ou primitifs (rituel Tibétain,
l’internationale …) « jonchent » le sol, se conjuguent avec lui. Il s’agit ici d’une pièce qui porte en elle une mémoire quasi-sentimentale qui ne renie pas la nostalgie, le mystère, l’éloignement, la disparition, l’empreinte.
Le troisième mouvement est une cadence ou la virtuosité des cordes solistes rivalise avec celle plus « gauche » des cuivres.
Enfin le quatrième mouvement, écrit après la disparition d’
Aurèle Stroë (octobre 2008), rend hommage à ce compositeur amoureux des confrontations complexes.