Sculpture II fut composée à l'automne 1981 à Paris, où Lindberg était parti pour continuer son apprentissage avec Gérard Grisey et Vinko Globokar. Il a d'abord réalisé la structure rythmique pour la pièce orchestrale : un rouleau de papier de dix-huit mètres, qui devint le squelette de Sculpture II. La complexité rythmique de cette composition est telle que sa réalisation en concert nécessite deux chefs d'orchestre.
La « sculpture » évoquée par le titre se réfère aux grands accords, lourdement orchestrés, formant ainsi une masse sonore prête à être modelée et éclairée de différents sens au cours des dix minutes que dure la pièce. Le point culminant est atteint par la simplification de la texture, une technique que Lindberg avait déjà utilisée à diverses reprises et qu'il reprendra par la suite : ici, l'accord vertical prend graduellement une position horizontale et devient une seule note. Lindberg avait l'intention de compléter son triptyque orchestral en s'appuyant sur la même structure rythmique, le premier volet devant être composé dans le registre aigu, le troisième dans le grave. Il a tenté de revenir sur cette idée, en 1988, en commençant une autre pièce pour orchestre commandée par la Radio finlandaise, dont le titre de travail était Trois sculptures, mais son langage ayant évolué dans une autre direction depuis le projet initial, il conçut alors Kinetics.
Risto Nieminen, « Magnus Lindberg », Les Cahiers de l'Ircam, coll. « Compositeurs d'Aujourd'hui » n° 3.