Recitatievarie, pour claveciniste chantante, poursuit la recherche d'un domaine que j'ai déjà exploré, dans des pièces comme Halleluia, Improvisation ajoutée et, auparavant, Anagrama.
Recitatievarie est un exemple de ma théologie acoustique par-delà la moquerie. L'exécutant chante et joue en même temps. (Sa voix n'est certainement pas comparable à celle d'un chanteur professionnel ; mais il s'agit d'un moment de tension évidente pour l'auditeur). Pour la composition, j'ai procédé à un collage de textes de J.S. Bach ; et j'ai satisfait mon ambition littéraire en profanant exclusivement des vers tirés de ses 371 chorals à plusieurs voix. En est né un « recitativo secco » qui débouche sur une chanson théologique, un entrelacs de mots élaborés dans le style des airs. Ce qui surprend la plupart des auditeurs, c'est le fait qu'ils s'amusent, même si bon nombre de choses ne sont pas abordées avec le « respect » nécessaire. Il ne s'agit aucunement d'être sarcastique, ni d'humilier un comportement piétiste vieilli, mais bien plus de proposer une analyse linguistique et sémantique de notre relation à la foi, qui se transmet principalement par des mots. Certes, les paroles du texte Recitatievarie sont séparées de leurs contextes d'origine, mais c'est justement grâce à cela que l'auditeur qui connaît les textes originaux — ou tout du moins en reconnaît l'allure — s'ouvre à de riches expériences.