Comme pour plusieurs de ses œuvres précédentes, Berio crée ici des projections à partir d'un thème central abstrait dont les ondulations définissent les lentes évolutions d'un réservoir de sons. Le processus de base y est d'une simplicité désarmante. Les douze notes de la gamme sont exposées dans un ordre fixe. La partie pour piano débute avec un cycle qui utilise les dix premières d'entre elles. Les triples croches continues planent, oscillant entre deux notes, puis parcourent le cycle pour planer à nouveau sur deux autres notes. Lorsque les dix doubles accords ont ainsi créé un passage de calme mélodique, le piano commence un jeu de transpositions de registre et passe à nouveau en revue tous les doubles accords, cette fois dans un ordre différent. Ensuite, tout le cycle avance d'une note, abandonnant la première et ajoutant la onzième. Au sein de ce nouveau cycle, le piano traite les doubles accords de la même manière que précédemment (et comme ces moments de repos sont d'une durée très variable, de nouvelles relations tonales sont mises en évidence). Et ainsi de suite... Le modèle d'expansion et de contraction selon lequel chaque cycle débute en formation étroite pour se développer dans d'autres registres est répété, du moins en partie, par les thèmes qui naissent de cette ligne principale. En fait est créée une forme de variation évolutive permettant à Berio de faire naître la variété à partir d'une unité de base.