Pianola est la marque de pianos mécaniques qui a popularisé ces instruments au début du XXe siècle ; le succès du phonographe puis de la radio (et la crise économique) l'ont fait quasiment disparaître. Pianola/Phonographe reprend cette histoire en tuilage des deux moyens de diffusion du son acoustique et acousmatique (haut-parleur), et témoigne de l'importance de l'espace dans la conception de la pièce.
Le disklavier (piano mécanique MIDI) est préparé de façon à ce qu'il se confonde avec les sons de synthèse qui sont diffusés par un haut-parleur orienté directement dans la caisse de résonance du piano, l'électronique se mélangeant et fusionnant ainsi avec l'acoustique aussi bien par le timbre que par la projection, et ce pendant les deux tiers de la pièce jusqu'à ce que l'espace s'ouvre brusquement par les haut-parleurs disposés autour du public.
L'autre matière de la pièce est un travail autour de la voix parlée, qui n'est jamais entendue directement ni même imitée, mais qui sert de matériau harmonique (élaboré à partir des formants des voyelles) et, pour certains passages, de structure rythmique (le débit particulier de ces voyelles).Les différentes parties — prélude, ornementations, danse, harmonies, récitatif, blues — correspondent à une amplification progressive de quelques notes pôles.
Nicolas Mondon.