La bande magnétique à laquelle est confrontée la clarinette soliste est constituée par un ensemble de dix clarinettes, dont trois (puis deux) clarinettes basses. La pièce compte trois mouvements enchaînés, au travail cependant nettement différencié. Le premier mouvement débute sur une section de trois accords complexes, animés par une pulsation régulière, qui viennent tour à tour naître et mourir. De cette séquence harmonique émerge finalement un motif rythmique d'une des clarinettes enregistrées, à partir duquel la clarinette solo va successivement élaborer divers contrepoints basés sur un principe de décalage, avant de les « rendre » succesivement à la bande. Le second mouvement, présente d'emblée deux motifs, de rythme cependant identique. Cette superposition initiale va progressivement aboutir à un double canon, dont émerge, comme au premier mouvement le soliste, ici aussi soutenu par des accords pulsés.
Le troisième mouvement évoque un peu par ses contrepoints syncopés, le jazz des années cinquante auquel Steve Reich s'était intéressé de près, le discours déhanché des clarinettes basses étant par exemple proche du jeu, sur le même instrument, d'Eric Dolphy. Le travail de construction rythmique, qui rappelle celui du second mouvement va effectivement ici se superposer à un duo de clarinettes basses explorant alternativement deux régions harmoniques éloignées, procédé déjà employé au cours des mouvements précédents.
d'après Jean-Marie Lonchampt.