Commande de l'Etat pour l'Orchestre de Cannes, ma deuxième pièce pour orchestre Mosaïques a été créée en novembre 1992 sous la direction de Philippe Bender. D'une durée de 15 minutes, l'œuvre déploie une forme en trois parties principales de longueurs croissantes. Mosaïques, arabesques, entrelacs ; autant de figures, de symboles qui m'ont intéressés, de part les divers plans de conscience auxquels elles font appel et que par la même, elles stimulent ; puis l'évocation, sinon la matérialisation de la possibilité d'union entre proportions, nombres, ordre qui malgré la rigueur et le sentiment d'abstraction qu'il dégage, sert un autre but, contemplatif, méditatif, mais surtout porteur de sens. Mosaïque, comme support imaginaire, paradigme devenant chemin musical où chaque partie est une ré-interprétation sur la perception de cette forme virtuelle et des observations qui en découlent, dans un parcours allant du détail à la vue d'ensemble. Ainsi la première partie propose une thématique monophonique qui irrigue progressivement les différents groupes orchestraux tout en créant sur son parcours divers objets musicaux récurrents. La seconde partie, où différentes couches musicales simultanées et interactives sont associées par un jeu de poids perceptif, intègre la monophonie première à d'autres plans créant une uniformité statique à très lente évolution et la troisième partie, réconciliant tous les éléments précédents, où la ligne, selon un schéma précis et régulier, se fond dans les gestes jaillissant des groupes instrumentaux. L'écriture de cette pièce a situé pour moi le point de départ d'une réflexion compositionelle. La réalisation de formes musicales axées sur le déroulement de procédures et de principes abstraits, validés sur le seul critère de la perception auditive, avec pour règle première de ne négliger à aucun moment la sensibilité de l'auditeur.
Yan Maresz.