Lindberg a terminé sa pièce pour un orchestre beethovénien à Cabourg, sur la côte normande, le 11 février 1990, ce qui éclaire le titre Marea (Marée) : « Cette métaphore ne me semble pas excessive pour décrire cette pièce évoquant la répétition monotone des marées, provoquée par la gravité de la lune, et la mer qui sans cesse repousse les galets*. » Jouni Kaipainen écrit sur le livret du disque de Marea, à propos de la conclusion : « Le final génial imbibé de « couleur tonale » s'apparente au monde d'un Debussy. Lindberg cloue son auditeur devant un paysage maritime, sans doute celui de La Mer. »
La conception de l'harmonie (les harmonies sérielles et spectrales), constituant comme à l'habitude l'aspect principal de l'oeuvre, la forme de Marea est fondée sur la variation. Marea fut créée à Londres lors d'une série de deux concerts du London Sinfonietta, intitulée « Stravinsky et les jeunes compositeurs finlandais », organisée au Queen Elisabeth Hall. A propos de sa pièce, Lindberg écrivait : « Des accords de douze notes se répètent comme dans une chaconne et chaque accord possède son alter ego, une série d'harmoniques, dont les fondamentaux forment la ligne de basse, une sorte de passacaille. En articulant ce cycle différemment, en employant toujours des voies diagonales différentes entre les deux niveaux, j'ai essayé de donner à la musique une direction malgré ses structures répétitives, simulant des vagues *. »
* Note de programme.
Risto Nieminen, « Magnus Lindberg », Les Cahiers de l'Ircam, coll. « Compositeurs d'Aujourd'hui » n° 3.