L'illustration musicale de la pièce d'Elio Vittorini donna à Maurice Ohana l'occasion d'utiliser pour la première fois de facon rationnelle une cithare en tiers de ton et une cithare en quart de ton — instrument que l'on pouvait connaître grâce aux démonstrations qu'en avait faites à Paris, en 1955, Julían Carrillo, leur inventeur. L'écriture en micro-intervalles se présente en quelque sorte comme l'équivalent, dans l'ordre harmonique, de ce qui venait d'être expérimenté avec les percussions : les micro-intervalles opèrent un dépaysement de l'oreille par rapport au système tempéré. Il ne s'agit cependant pas, pour le compositeur, de remplacer un système par un autre, mais d'opposer les échelles en tiers de ton au chromatisme des demi-tons tempérés, au sein d'un ensemble où les contrastes s'éclairent mutuellement.
Christine Prost, catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Ohana, Revue Musicale, Editions Richard-Masse.