Dans Kaleidoscopic Memories pour contrebasse et électronique, Beat Furrer explore en compagnie de son complice de longue date Uli Fussenegger la possibilité de changements rapides de perspective pour interpoler différentes sonorités les unes dans les autres. Au son déjà richement coloré de l’instrument soliste se joint celui d’un partenaire électronique préenregistré, afin, selon Furrer, de pénétrer d’autres espaces sonores.
Une grande partie du travail de l’électronique a consisté en l’exploration des réactions du son de la contrebasse à l’espace acoustique qui l’entoure. Dans sa pièce de théâtre musical FAMA (2004-2005) déjà, Beat Furrer s’intéressait aux phénomènes de propagations du son dans l’espace : sans avoir recours à l’électronique, il amplifiait certaines caractéristiques du timbre des instruments au moyen de panneaux de bois et autres surfaces de réflexion du son disposés autour des musiciens. Ici, le compositeur se sert de l’ordinateur pour briser le son du soliste en petits fragments timbriques. Ces fragments sont alors remontés selon un autre schéma puis, par le biais d’accélérations, décélérations et retournements, assemblés en une série d’événements sonores structurés, jusqu’à reparcourir le processus en sens inverse – tout comme les changements moirés de perspective d’un kaléidoscope.
Jérémie Szpirglas.
Note de programme du concert du 8 juin 2016 au Centre Pompidou.