L'œuvre reprend, à dix ans d'intervalle, les mêmes éléments compositionnels que la pièce du même titre (Esprit rude/Esprit doux I), créée à Baden-Baden, en mars 1985, pour les soixante ans de Pierre Boulez.
Esprit rude/Esprit doux I fait référence à la prononciation des mots grecs classiques commençant par une voyelle ou un « R ». Ce qui donne les sons que l'on appelle en anglais « rough breathing/smooth breathing ». Acompagnés d'un esprit rude — indiqué par un accent renversé sur la lettre —, la voyelle initiale ou le « R » doivent être précédée d'un « H » aspiré. Marquée d'un esprit doux — indiqué par un accent sur la voyelle —, la voyelle initiale n'est pas précédée d'un H aspiré.
Dans l'expression grecque qui signifie « soixantième année » (hexekoston etos), l'epsilon initial du premier mot porte un esprit rude, tandis que celui de second mot porte un esprit doux.
La partition commence et s'achève par le motif suivant obtenu à partir des lettres formant le nom de Boulez, en utilisant la notation allemande (B = si bémol, E = mi) et les initiales de la notation française (U = ut, L = la) :BoULEz = si bémol, ut, la, mi
Les deux instruments ont chacun un « esprit (=souffle) rude » et un « esprit doux ». Le compositeur a surtout été intéressé par l'apparition au sein même de l'instrumentation de changements très rapides. L'on ne perçoit pas de grands contrastes entre les instruments, mais un flux continu de types musicaux différents : musique rapide, spirituelle et légère, puis musique puissante, etc. Ces types sont organisés selon un système logique et cohérent.
d'après Elliott Carter.