Echappées est une œuvre dédiée à Denise Mégevand, qui l'a créée lors du concert-atelier « Celtik », Groupe de Musique Expérimentale de Marseille, 14 février 2004. Ce fut le dernier concert de Denise Mégevand, dont l'action fut décisive pour le renouveau de son instrument.
La harpe celtique, voisine d'instruments de diverses civilisations, de Sumer à la Grèce antique, l'Afghanistan, l'Uganda ou le Paraguay, est devenue une ressource de la création musicale grâce à Denise Mégevand, qui a suscité des dizaines d'œuvres nouvelles – tout d'abord dans les musiques vernaculaires celtiques : puis elle a voulu faire de la harpe celtique une ressource de la musique contemporaine, dévelopant de nouvelles techniques de jeu et suscitant de nombreuses œuvres qui exploitent les possibilités spécifiques de l'instrument. La harpe celtique ouvre des possibilités sonores nouvelles, son timbre peut être incisif, et elle permet d'accorder indépendamment toutes les cordes et donc de choisir des échelles sonores à volonté.
La harpe celtique se prête très bien au dialogue avec l'électronique, tout en gardant son identité acoustique distinctive et ses racines anciennes. Après Luraï, pour harpe celtique et bande, j'ai écrit Echappées pour harpe celtique et traitement numérique en temps réel.
Echappées utilise un accord non octaviant, correspondant à un mode dans lequel cinq notes échappent la gamme chromatique, au tempérament égal. Le traitement est effectué à l'aide du programme Max-MSP : il réalise des harmonisations, qui font proliférer le jeu de l'instrumentiste et renforcent le caractère non tempéré de l'échelle de hauteur, et des spatialisations, grâce auxquelles les sons numériques animent des échappées au delà de la scène.
Jean-Claude Risset.