Pour cette pièce, j’avais demandé à Christophe Marchand-Kiss d’écrire deux poèmes à partir d’un guide ornithologique. La pièce parcourt un itinéraire qui consiste à aller de l'instrument à la nature. Sa trajectoire est donc exactement l’inverse de celle d’En découverte, elle pourrait en être le négatif. Si la musique tente d’imposer au début son rythme aux poèmes, c’est finalement l’inverse qui se produit à la fin avec les cris d’oiseaux retranscrits (en italique dans les poèmes de Christophe Marchand-Kiss). Conjointement, les gestes sonores au départ constitués d’« archétypes » musicaux (gammes ascendantes, descendantes, notes répétées) revêtent peu à peu des morphologies empruntées aux chants d'oiseaux. Le matériau harmonique suit lui aussi une évolution parallèle. Il obéit d'abord aux contraintes gestuelles pour s'inspirer à la fin de modèles acoustiques de sons naturels. Ce parcours allant de l’intérieur vers l’extérieur est explicite lorsque la pièce est jouée en concert, puisque la situation de départ, celle du concert, dérive progressivement vers une situation (plus « écologique ») où les chanteuses jouant des appeaux, dialoguent avec des chants d’oiseaux enregistrés.
Jean-Luc Hervé.